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Midsummer, la Saint-Jean... Encore une histoire de païens !

Histoire de ne pas perdre les habitudes, nous allons encore aujourd’hui ensemble remonter les origines de notre fameuse fête de la Saint-Jean ! Vous avez tous probablement déjà fêté la Saint-Jean, que ce soit dans une grande ville ou un petit village. Mais si, vous savez, quand on fait de gros feux là, je suis sure que vous avez au moins un souvenir de gosse de ce genre de festivités. Et pour cause, cette fête est célébrée quasi dans le monde entier ! Vous le saviez ? Personnellement, je l’ignorais totalement, je pensais que c’était “un truc bien d’chez nous !”. Du coup, en bonne petite historio-néo-païenne, je me suis penché sur la chose à l’approche de ce nouveau sabbat, histoire de comprendre pourquoi diable cette fête était aussi importante par chez moi, et de savoir ce qu’on fête exactement.


Ivan Sokolov - Kupala's Night

Les origines : Midsummer Midsummer (littéralement “le milieu de l’été”) est une fête majeure dans les cultures scandinaves et baltes. Le calendrier ancien considérait que l'été commençait à Beltane pour se terminer à Lughnasadh (deux fêtes majeures et attestées du calendrier Celte), le solstice d'été se situant donc entre ces deux dates. C’est la journée la plus longue de l’année, on célébrait donc le pouvoir du soleil, mais en même temps, c’est à partir de ce moment que le déclin de celui-ci commence à se faire, les jours se raccourcissant. Vous l’aurez donc compris, les célébrations de Midsummer découlent de traditions diverses ayant pour but de fêter le solstice de l’été. Dans de nombreux pays, pour ne pas dire presque tous, on retrouve notamment l’allumage de grand feux dans de but divers, notamment celui de se protéger des mauvais esprits qui étaient considérés comme libre d’errer durant cette nuit. On note que c’est toujours un peu la même histoire lors de ces solstices... Ces périodes de transitions semblent être très propices au passages des esprits entre les mondes ! D'après l'ancien savoir druidique, la fonction de ce feu était également de soutenir le soleil par la magie en lui donnant la force de réchauffer la terre. En Suède, son importance est telle qu'il a été envisagé de déplacer la fête nationale (qui a lieu le 6 juin) le jour précédant les célébrations de Midsommar. C'est également la fête nationale du Canada, et elle est célébrée quasi depuis toujours dans tous les pays nordiques et slaves. En Finlande (Juhannus) et en Estonie (Jaanipäev), cette fête est l'une des plus importantes du calendrier. Dans certains pays comme la Lituanie, c’est même un jour férié !

La fête de la Saint Jean Mais comme on ne peut pas être païen et faire tranquillement cramer du bois et cueillir des plantes, L’Eglise arrive et se dit qu’il faudrait quand même mettre un terme à ces barbaries. C’est pourquoi aujourd’hui le monde entier fête la Saint Jean, et non pas Midsummer ! La fête de la Saint Jean-Baptiste a été établie par l’Église Catholique au IVe siècle. Elle célèbre le jour de la naissance de Saint Jean Baptiste, cousin de Jésus, et né six mois avant lui. Le saint est aujourd'hui commémoré dans toutes les religions dérivées du catholicisme. Les feux de solsticesétaient donc bel et bien à l'origine des fêtes païennes, que l’Eglise catholique a ensuite reprit pour la fête de ce saint. Et bien que j’ai tenté de chercher, je n’ai trouvé aucune explication “valable” pour l’association de grand bûchers à Saint Jean, a part cette citation : « Il ne fût pas lui même la lumière, mais fût pour donner témoignage de cette lumière » (Jean 1:8-9) C’est pas bien explicite, mais bon, il fallait bien le faire coïncider avec quelque chose de chrétien... Et puis depuis quand est ce qu’on a besoin d’une connexion logique pas vrai ? (Non, très sérieusement, du coup, si vous avez une explication, je suis preneuse)

A Paris Et bien figurez vous que la fête est tellement importante, qu’à Paris, jusqu’au XVIIe siècle (1648 pour être exact), c’est le roi qui allumait le feu en Place de Grève (une plaque commémorative expliquant tout ce bazar se trouve d’ailleurs sur la Place de l’Hôtel-de-Ville). C’est ce cher Louis XIV qui officiera donc pour la dernière fois.


Feux de la Saint Jean, 1615. Source ?

Chaque année, la veille de la fête de la Saint-Jean, les magistrats de la ville faisaient entasser des fagots au milieu desquels était planté un arbre de 30 mètres de hauteur, orné de bouquets, de couronnes et de guirlandes de roses. On attachait à l'arbre un panier qui contenait deux douzaines de chats, et même une fois un renard. Puis le roi se pointait et craquait une allumette, les gens acclamaient le geste (pour couvrir le bruit des bêtes brûlées vives #astuce), et notre bon roi s’en allait manger ses massepains pépouze. C’est bien beau tout cette chrétienté, mais qu’en est-il réellement de cette fête aujourd’hui ?

Dans le paganisme : Litha Aujourd’hui, chez les néo-païens, cette fête est encore célébrée. Chez les Wiccans, elle prend le nom de Litha. Son nom apparaît la première fois dans De temporum ratione de Bède le Vénérable (encore lui). Cette période serait propice à la magie telle que l'amour, la guérison, la protection, mais également la fertilité. Traditionnellement, on récolte les herbes magiques en cette journée qui est aussi la plus longue de l'année : Les propriétés magiques des plantes cueillies à cette date sont reconnues très puissantes. Au Danemark durant le Moyen Âge, c'était le moment au cours duquel les médecins allaient récolter les herbes dont ils auraient besoin pour soigner le peuple le reste de l'année. La légende raconte que si l'on marche accidentellement sur du Millepertuis le soir de Litha, on peut se retrouver au pays des fées. Des feux sont toujours faits en l’honneur de ce solstice, au dessus desquels on s’amuse à sauter pour des raisons différentes selon les pays et régions. Mais j’y viens !




Que se passe-t-il partout ailleurs ? Comme cette fête est encore en vigueur partout et bien connue grâce au Folklore, j’ai fais un petit tour d’horizon et vous présente ici quelques unes de ces traditions.

En France En Catalogne, Chaque année, la fin de semaine précédant la Saint-Jean, les villages de Catalogne montent à la croix du Pic du Canigou un petit fagot de sarments. Le 22 juin, 3 montagnards du cercle des jeunes de Perpignan portent la flamme du Canigou depuis le Castillet et régénèrent la flamme chaque année. Elle est ensuite descendue et distribuée dans chaque village des pays catalans, en Provence et dans des associations catalanes dans le monde. Le 23 juin vers 22 heures, tous les villages allument un bûcher avec cette flamme. En Lorraine (à Sierck-les-Bains), on fait courir une roue enflammée le long de la colline du Stromberg, qui termine sa course dans la Moselle. Il s'ensuit l'embrasement du bûcher. Dans les Pyrénées, et particulièrement en Comminges, le feu de la Saint-Jean s'appelle le brandon. Il est constitué par un tronc de conifère préparé longtemps à l'avance : il est fendu longitudinalement, sur tout le pourtour, en plaçant dans les fentes des coins de bois. Il est ensuite dressé et on y met le feu. En Haute-Savoie, des montagnards du pays du Mont-Blanc allument des feux sur les sommets entourant la vallée à la tombée de la nuit. La montagne se met donc à briller, afin de prolonger la nuit tombée.


"Embrasement du Castillet", Perpignan

En Espagne En Galice, on fête San Xoán : Les jours précédant la fête, les jeunes apportent du bois pour faire un feu de joie, et l’allumer la nuit. Quand le feu est plus ou moins consommé, les gens sautent par-dessus. Ainsi, et selon la tradition et la croyance populaires, on expulse les impuretés et on éloigne les maléfices. Un autre rite typique de cette fête est celui des « herbes de la Saint-Jean » ou bouquet de la Saint-Jean. La veille de la Saint-Jean (le soir du 23 juin), on cueille sept herbes différentes, aromatiques ou pas, et des fleurs qui ont des propriétés prétendument magiques : du fenouil, du romarin, des mauves, des fougères mâles, des roses sauvages… On laisse le bouquet dans l’eau pendant la nuit et le lendemain, on le sort et on se lave le visage avec l’eau. On garde le bouquet, le laissant sécher pendu derrière la porte de la maison, pour la protéger des sorcières. Cette tradition se retrouve ailleurs, mais n’a pas forcément la même fonction. Ici, la protection contre les sorcières a du être amenée justement par la christianisation, lors de la diabolisation de ces pauvres gens.

Chez les Slaves : Kupala La nuit de Kupala est une célébration traditionnelle célébrée aux environs du solstice d'été. Cette fête célèbre le feu, l'eau, le Soleil et la Lune, la récolte, la fertilité, la joie et l'amour. Son origine est liée au culte de la déesse Kupala. Elle est largement célébrée dans les zones habitées par des peuples slaves (Biélorussie, Pologne, Russie, Ukraine...). Dans son livre Deutsche Mythologie (1835), Jacob Grimm (dont nous parlerons pour votre plus grand plaisir dans un prochain article) note que les Russes utilisent le mot “Kupala” pour parler des feux allumés ce soir là. On voit donc dans différents pays à la fois une allusion à la déesse Kupala, le nom de la fête et le nom de ces feux.


En Pologne, la tradition de Kupała (Sobótki) consistait à brûler des feux, se baigner, et danser jusqu’au petit matin. Mais j’ai lu sur une tradition qui me plait bien : à minuit, les hommes et femmes célibataires couraient dans la forêt pour “chercher des fleurs de fougère” (c’est c’la oui). Les femmes partaient les premières en chantant, couronnées de fleurs. Les hommes suivaient. Celui qui trouvait la fleur pourrait voir tous ces vœux exaucés, mais long story short cette fleur n’existe pas, et on revenait juste avec une nana au bras, ce qui est quand même déjà pas mal. En Ukraine, les jeunes filles apportaient une branche de saule décoré de fleurs qu’elles fichaient dans le sol, On déambulaient alors autour tout en chantant des complaintes en l’honneur de Koupalo, nom donné à la branche. Pour finir le rite, les jeunes se jetaient sur la branche et la brisait. En Russie, beaucoup de rites concernant cette fête sont associés à l'eau, la fertilité et l'auto-purification. Les filles, par exemple, jettent des guirlandes de fleurs dans l'eau et pratiquent la divination selon leurs mouvements. On saute notamment par dessus des feux, et on pratique la baignade nus. Pour la fête d‘Ivan Koupalo, on lançait dans le brasier des mannequins ou des branches d’arbres vertes. En Roumanie, les fêtes de Midsummer sont appelées Drăgaica ou Sânziene. Drăgaica est célébré par une danse faite par un groupe de 5 à 7 jeunes filles. L'une d'elle est choisie comme la Drăgaica. Elle est habillée comme une mariée, alors que les autres jeunes filles habillées en blanc portent un voile et des couronnes de fleur. Le terme Sânziene serait originaire du latin "Sancta Diana", et les superstitions associées sont surtout de nature érotique, référant à de jeunes filles et la prospérité de leur mariage. Brûler une branche, un arbre ou un mannequin, la détruire ou encore la précipiter dans l’eau.... Toutes ces pratiques étaient liées à l’approche de la moisson. On célébrait alors la mort de semi-divinités agraires comme Marina, Mara ou Koupalo, qui par leurs morts et leurs funérailles pouvaient renvoyer à un ancien rite du renouveau. Cependant contrairement à d’autres rituels comme ceux liés à Osiris ou Adonis, on ne fête pas ici de résurrection. C’est la mort et l’exécution qui sont fêtés, le personnage est oublié jusqu’à l’année suivante. On rit aux funérailles, s’assurant par là une plus belle moisson. Les morts ne le sont pas vraiment (et le rire rituel mérite un article à lui tout seul). Dans la Wicca moderne, on dit d’ailleurs qu’il faut accepter en ce jour que le soleil commence à mourir. La mort est dans la nature des choses, et permet à la terre de grandir. Enfin, on peut supposer qu’il y a bien longtemps, ce n’étaient pas des branches ou des mannequins qui étaient les victimes de telles exécutions !


Svetloyar Yushko

En Finlande Dans le cas de la Finlande, on pratiquait dans des temps assez reculés la divination ce jour là, ainsi que beaucoup de rites en lien avec l’amour et la fertilité. C’est d’ailleurs une période où encore aujourd’hui les finlandais choisissent de se marier. La tradition veut qu’on allumait des bûchers le soir du solstice (“kokko”) pour éloigner les mauvais esprits et assurer la bonne récolte. Comme dans beaucoup d’autres traditions, faire le plus de bruit possible était une manière d’éloigner les démons. Sur le site touristique “visit Finland” on peut même lire : “Il se disait même dans le temps que la quantité de boissons alcoolisées ingérée la nuit de la Saint-Jean était directement en lien avec l’abondance des moissons qui seraient engrangées à la fin du même été.”... La nuit de la saint Jean étant l’une des plus alcoolisées de l’année dans ce pays et comptant toujours une petite paire de morts ayant voulu voir de trop près un lac, ça fait sens ! On retrouve notre fameux rituel des fleurs ici : les demoiselles partent cueillir un bouquet composé de sept fleurs spécifiques et en le disposant sous son oreiller, la jeune fille a toutes les chances de voir son futur époux en rêve. On retrouve la même tradition en Suède.

Au Danemark On appelle la fête sankthans ou sankthansaften. Dans les années 1920, la tradition était de mettre une sorcière de paille dans le feu, en rappel aux sorcières brûlées par l'église de 1540 à 1693. Ce bûcher devait renvoyer la sorcière à Blocksbjerg, la montagne Brocken dans la région de Harz (Allemagne) où se tenait le grand rassemblement de sorcières ce même jour. Aujourd’hui cette tradition est plutôt critiquée !

En Iran L'un des plus anciens festival célébrés en Iran coïncide avec midsummer. Il est appelé Gilaki Bal Nowrooz, et se tient au Nord du pays. On avait pour habitude d'allumer un feu, et de remercier Dieu pour ses dons, de prier pour la paix des âmes. Si j’ai bien compris, au premier jour de « our nowrooz », les jeunes mariés qui se sont uni dans l'année se voient donné des chevaux blancs pour monter dans la montagne. Quand la mariée atteint le pied de la montagne en redescendant, une vache est libérée en signe de bonheur et d'abondance pour le couple.

Aux Etats-Unis Les célébrations ont largement dérivées des cultures des immigrants qui sont arrivés des pays européens lors du XIXe siècle. On retrouve donc un peu partout ces traditions !


J’espère que ce petit résumé vous aura donné à tous une idée de ce que peut réellement être la célébration de ce solstice ! N’hésitez pas à nous dire dans le commentaires comment on fête ça chez vous, et quels sont vos plans pour cette année, c’est bon pour les archives ! Sources

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