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Histoires à faire peur #1

La session 2020 de nos histoires de fantôme ! BEHOLD ! Chaque jour, durant la semaine avant Halloween, nous avons décidé de poster une petite histoire de notre choix. Ces récits font partie de folklores divers et ont été contées il y a bien longtemps...


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La nuit des morts n'a jamais été aussi proche. Sortez vos citrouilles, voici notre dernière histoire de fantôme, une histoire Corse de femmes bafouées et d'âmes vengeresses ! Il était jadis un chasseur très fier, appelé Rinaldo. Il avait séduit Disulina et l'avait abandonnée. Elle s'était alors tuée de désespoir. Un soir qu'il allait à la chasse, il se posta derrière un rocher pour attendre le gibier. Ce qu'il vit apparaitre ne fut pas un cerf, mais une forme blanche, qui s'avança lentement vers lui. De peur, il tira sur l'étrange forme, mais le fantôme continua d'avancer sans sourciller. Il prit peur et dit : - Qui es-tu ? Que me veux-tu ? Qui que tu sois, réponds ! - Je suis, infâme, celle que tu as déshonorée. - Disulina ! Ah ! Dieu ! - Ne prononce pas le nom de Dieu, car en m'abandonnant tu l'as renié, et lui t'a rejeté pour jamais ! A cet instant apparurent d'autres fantômes, tous s'approchant de Rinaldo, qui, apeuré, demanda ce qu'il allait advenir de lui. Il reconnut Marcia, Francesca, et Lucia. Il les avait oubliées, mais pas elles. Il implora leur pitié, mais elles répondirent : "Lâche ! Te souviens-tu des pleurs que tu nous as fait verser ? Nous aussi nous implorions pitié quand tu brisais nos cœurs, mais tu as été sans merci." Le fier chasseur ne l'était plus tant, et tremblait de tous ses membres. Disulina prit alors la parole. "Mes soeurs, quel supplice devons-nous infliger à celui qui nous a fait subit mille affronts, à celui qui nous as tuées et déshonorées ?"

Elles racontèrent chacune leur histoire. Maria avait suivi Rinaldo, séduite par ses belles et fausses paroles, et sa mère en était morte de chagrin. Elle demanda que cette nuit soit sa dernière nuit. Il avait demandé Lucia en mariage, l'avait prise, et l'avait abandonnée avec son bébé à naître. De désespoir, elle s'était tuée avec l'enfant. Elle le condamna elle aussi à la mort. Francesca parla à son tour. A elle qui était belle, mais pauvre, il avait offert de l'or contre ses faveurs. Elle le repoussait, indignée. Mais la faim la tenait. Durant plusieurs mois, il venait chaque soir acheter son honneur, jusqu'à ce que la faim fut plus forte et qu'elle cède. La honte eut raison d'elle et après cela, elle se jeta du haut de sa fenêtre. Elle aussi, demanda sa mort. Disulina refusa de raconter son histoire, trop terrible, mais elle le condamna également. Les spectres se saisirent de Rinaldo et le trainèrent à la maison de Maria, et lui firent se rappeler de ce qu'il avait fait. Elles lui arrachèrent la barbe et le frappèrent au visage, puis, l'emmenèrent à la maison de Lucia. "Pourquoi m'as tu fait ça ?" lui demanda-elle. Et comme il ne répondait pas, elle le frappèrent encore jusqu'à ce qu'il ne tienne presque plus debout. "Avance ! Tu n'es pas encore à la fin de ta route" et aussitôt ils se retrouvèrent chez Francesca. Elle lui cracha au visage, puis elles le poussèrent du haut de la même fenêtre d'où la pauvre s'était jetée. Mais il n'était toujours pas mort. Alors elles l'entrainèrent encore à travers les forets et les maquis. Il était en sang, implorait, mais rien n'aurait arrêté celles pour qui il n'avait pas eu la moindre pitié. Cela continua jusqu'au chant du coq, où Rinaldo tomba mort, et où chacune s'en alla dans son tombeau.

d'après "Contes de la Mort des Pays de France" de Jean Markale, 1997


 

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Dans le quartier de Banchô à Edo, habitait Aoyama, régisseur des cuisines de la cour du shogun, samouraï appointé à mille cinq cents balles de riz par an. Une de ses domestiques, Okiku, âgée de 16 ans, cassa un jour une des dix assiettes en porcelaine chinoise, trésor de son maître. Aoyama et sa femme, qui étaient cruels, lui coupèrent le majeur de la main droite. Okiku perdit connaissance et ne dut sa vie qu'aux soins de ses collègues.

Mais cela ne satisfit pas le couple qui ligota ensuite Okiku et l'enferma sans lui donner à manger, en vue de l'exécuter sous peu. Okiku préféra encore mettre fin à ses jours : une nuit parfaitement calme, elle se jeta dans un puits situé au bord d'un fourré de bambous.

Une atmosphère sordide se répandit dans la résidence à compter de ce jour. Un sanglot de femme se fit entendre, puis un feu follet sortit du puits où Okiku s'était jetée. Soudain, il y eut un éclair éblouissant et, au fond du puits, une horrible voix de femme qui comptait :

- Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf... Malheur... !

Elle se lamentait de la dernière assiette qui manquait. Saisis par la peur, les autres domestiques demandèrent leur congé au plus vite et plus personne ne voulut travailler dans cette maison à cause de cette apparition. La rumeur courut dans toute la ville, jusqu'à parvenir aux oreilles du gouvernement, et Aoyama fut condamné.

Telle est l'histoire des "assiettes dans une demeure à Banchô", et Sarakazoé le feu qui sort du puits et compte les assiettes.


Source : Guangyiji, "Répertoire des étrangetés"; Taiping guangji, juan 330.



 

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L'avarice est un vilain défaut. Voici une histoire Auvergnate sur une femme si avare, que même perdre son temps lui était insupportable. Si avare, qu'elle regrettait même le pain qu'elle venait de manger. Un jour, son mari mourut, et il fallut faire la cérémonie des Rogations*. Comme la procession se faisait de nuit et durait au moins deux heures (il fallait passer par toutes les paroisses), elle décida, pour ne pas perdre plus de son temps, de se rendre directement à son champ pour commencer à y travailler le plus tôt possible au lieu de suivre le reste du groupe. Comme elle passait par un endroit nommé "pré Labbé", elle rencontra une autre procession.... Celle des défunts, qui faisaient aussi la leur ! Elle s'agenouilla alors pour laisser passer ce cortège de morts, tous habillés de leurs suaires blancs. A l'arrière du groupe se trainait une pauvre âme au suaire tout déchiré. A chaque ronce qu'il traversait il en laissait un morceau, et n'arrivait pas à suivre le reste du groupe. En s'approchant elle reconnu son défunt époux ! Elle lui dit : "ah mon pauvre homme ! Qui t'empêche de suivre les autres ?", ce à quoi il lui répondit : "Malheureuse ! Tu m'as enseveli dans un drap tellement usé que la moindre ronce me l'arrache ! Les autres ont de bons draps et passent à travers les buissons sans les déchirer ! Moi je suis obligé de me dépêtrer, c'est pour ça que je suis à la queue de la procession." On dit que l'avare fit dire de nombreuses messes pour son mari, et que depuis, dans la région, on met ses morts dans de bons draps.


d'après "Contes de la Mort des Pays de France" de Jean Markale, 1997


*Cérémonie religieuse suivant le jour de l'Ascension (Pâques). Elle se compose de prières et de processions.



 

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Pendant l'ère Kaiyuan (713-741), le commissaire impérial de Liangzhou, Guo Zhiyun, partit en tournée d'inspection. A une centaine de lis de la préfecture, il trépassa subitement dans le relais où il était descendu. Son âme sortit alors, ordonna au responsable du relais de fermer la porte de la chambre à clef, et de ne l'ouvrir sous aucun prétexte. Puis il retourna à la préfecture sans que les gens de l'escorte ne se rendent compte de sa mort. Au bout de quarante jours passés à mettre en ordre ses affaires publiques et privées, il envoya quelqu'un au relais pour aller chercher son propre convois funèbre. Lorsqu'il arriva, il surveilla lui-même la toilette funèbre et la mise en bière. Quand ce fut terminé, il fit ses adieux à sa famille, puis se jeta dans le corps qui était dans le cercueil. Après cela, il ne reparut plus jamais...


Source : Guangyiji, "Répertoire des étrangetés"; Taiping guangji, juan 330.



 

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Si vous aimez la Bretagne et la belle région du Morbihan, allez vous promener aux environs de l'île d'Arz. Il se dit là bas que pendant la nuit, on peut apercevoir des bateaux sur lesquels sont montés des hommes et des chiens énormes. Pas de quoi vous faire trembler, me direz-vous. Mais laissez moi vous dire que ces hommes ont commit des crimes si horribles que toute leur vie en a été souillée, et qu'ils n'ont aucun droit à la rédemption. Les chiens sont en réalité des démons chargés de garder et torturer ces pauvres âmes pour l'éternité, car ces bateaux sillonnent les flots sans jamais atteindre aucun port. Si jamais un navire les aborde : l'équipage disparait sans laisser de trace. Fort heureusement, les conques marines utilisées par ces démons raisonnent d'un cri strident, et empêchent les marins de se laisser surprendre. Et si vous n'avez plus de raison d'avoir peur, la prochaine fois que vous irez en bord de mer, la nuit, prenez le temps d'écouter. Vous n'entendrez que le bruit des flots... Ou devrais-je dire des cris. Car ce sont est en fait celui des Krierien, les âmes des noyés hurlant de douleur car elles ne peuvent trouver le repos.


D'après le recueil de témoignages de "Contes de la Mort des Pays de France" de Jean Markale, 1997.



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