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Marie Kondo, exorciste de Yôkai ?



Et oui, les mythes de l’amphisbène peuvent même faire écho à l’actualité et s’il y a un phénomène qui occupe l’internet ces temps-ci, c’est bien la petite nippone timide qui vous apprend à ranger votre bordel, la gentille Marie Kondo. Bon j’avoue, j’ai suivi ses conseils mais je n’en suis pas à remercier mes caleçons pour leurs loyaux services ou à faire des spark joy à tout va. Après avoir regardé quelques épisodes de la série « Tidying up with Marie Kondo », j’ai remarqué un truc qui a fait tilt dans mon cerveau visqueux pleins de monstres et de folklore. MARIE KONDO COMMUNIQUE AVEC LES YÔKAI ! (et ce pour éviter que vous soyez hanté par votre vieux t-shirt Waikiki) Si j’avais prévu de faire un article sur les yôkai japonais, il faut savoir que le sujet est vaste et qu’il existe de nombreux types de ces créatures (de l’animal métamorphe au fantôme typique en passant par des petites divinités, ogres et lutins). Du coup on va se concentrer sur un certain type de yôkai qui me fait penser que Marie Kondo nous cache un secret, qu’elle est peut-être la protectrice des foyers cachée sous une apparence trop kawaï.

Les Yôkai du placard


Les superbes illustrations de Shigeru Mizuki, le maitre des yôkai!

Mais comment en venir à ce que des objets du quotidiens deviennent des monstres ? Explorons deux pistes possibles. Ces deux façons ont pour but d’octroyer une vie et donc une âme aux futurs yôkai. La première est surement rare dans notre société consommatrice car pour que l’objet prenne vie, il faut que celui-ci atteigne l’âge vénérable de 100 ans. Alors à moins que vous ayez récupéré les vieux items de grand-maman, on va mettre cette technique de côté. Pour citer un exemple, prenant en compte le Kasabaké, le monstrueux… parapluie. On ne sait que peu de chose sur ce monstre, si ce n’est qu’il acquiert un œil, une jambe et une longue langue au bout de 100 ans.


L’autre méthode n’est autre que ce qui est commun à beaucoup de yôkai, j’ai nommé la rancune. Que ce soit un mort qui souhaite se venger ou encore une plante qui a été mal planté, tout est bon pour qu’un yôkai naisse et cela compte aussi pour les objets du quotidien. Le Hatahiro est un métier à tisser nourri de la rancune de la femme qui le manie et donnant forme à un serpent de textile. En gros si monsieur rentre tard le soir, il ne doit pas être surprit si un tel serpent vient le chercher. Et Marie Kondo dans tout ça ? On l’a remarqué, Marie Kondo porte un grand respect à la maison et aux objets qui s’y trouve, et pas forcement à ceux ayant une valeur sentimentale. En prenant soin de tapoter les livres, en faisant attention à remercier tous les vêtements avant de les jeter, Marie Kondo ne veille t’elle pas à votre sûreté ? Car quand je parlais de la rancune des humains créant des yôkai, je ne vous ai pas parlé du fait que les objets eux-mêmes peuvent entretenir une rancune puissante. Prenez garde à Shiro’Uneri, la serpillière moisie vengeresse. Abandonnée, elle a développé une rancune qui lui a donné vie et passe son temps à voler vers les visages de ses victimes pour les étouffer. Gloire à Marie Kondo ! Imaginez que vos vieilles fringues, vos bouquins cornés se mettent à hanter votre maison! Et sachez que la maison elle-même peut se « yôkaïser », ou du moins en partie, les murs peuvent posséder des yeux (Mokumokuren) ou une poutre mal fixée peut se plaindre à longueur de temps (Sakabashira). Donc quand vous verrez Marie Kondo faire ses petits rituels pour probablement apaiser la rancune, repensez à tous ces yôkai qui peuvent se manifester ! Pour vous le prouver, je vous ai fait une petite liste de quelques yôkai-objets :

Bakefurugeta : Ensemble d’objets cassés et abîmé (sandales, chapeaux, tambours et paniers) se plaignant en chanson. Bakezori : La sandale abandonnée retournant chez elle.


Tremblez devant Chabukuro!

Chabukuro : Le sac à thé… qui reste accroché à un arbre (apparemment ça fait peur aux japonais). Fusuma : La housse de couette qui volette et tombe sur les gens la nuit. Kameosa : La jarre de terre cuite super moqueuse et fragile. Mishigê : La spatule à riz métamorphe qui peut se changer en vache. Yakanzuru : La bouilloire qui roule… Il en faut peu. Voilà pour ce petit article et surtout n’oubliez pas de considérer tous vos objets ! Bibliographie Koyama-Richard B., Yôkai, Fantastique art japonais, Ain, 2017. Mizuki S., Yôkai, Dictionnaire des monstres japonais, Tome 1 et 2, Tokyo, 2008.

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