Bon, ça fait quelques temps qu’on est là, à blablater sur des vieilles fêtes et des mythes bizarres, il est peut-être temps de parler de l’Amphisbène, la mascotte de la page, non? Tout d’abord un peu d’étymologie. Amphisbène vient du grec Amphis (deux voies/cotés) et bainen (marcher) donc littéralement : qui marche des deux cotés, ou des deux bouts. Bref, il a deux têtes l’une devant, l’autre à l’autre bout du corps. C’est pas tout, mais du il sort ce gus? Et bien, il vient de loin, de Libye tout d’abord, mais aussi dans le temps puisque les auteurs antiques en parlent déjà, lui attribuant une origine mythique.
L’Amphisbène des auteurs anciens
Le truc, c’est que l’Amphisbène c’est pas une simple bestiole! Du tout, elle a des origines mythiques qui n’ont rien à envier à une nymphe transformée en arbre ou je-ne-sais-quoi. Lucain l’associe à la gorgone Méduse. Pourquoi la Libye est peuplée d’autant de serpents venimeux? Et bien c’est parce que c’est là-bas que les gorgones habitaient jusqu’à ce que Persée tranche la tête de la célèbre Méduse. Si l’on dit que de son sang est né Pégase, c’est aussi de là que sont sortis tous les serpents, de même que notre Amphisbène. Le “serpent réversible”, comme l’appelle Lucain est aussi cité par Pline l’Ancien dans son Livre VIII d’Histoire Naturelle, disant de la bête: “L'amphisbène a une double tête, c'est-à-dire une tête à la queue, comme si ce n'était pas assez d'une seule gueule pour répandre le venin.” Vive le sarcasme! Leave the Amphisbaena alone! Bref, c’est tout ce qu’on sait de la bête pour l’instant, elle a deux têtes, point. Mais ce n’est pas la fin de la bébête.
L’Amphisbène au Moyen-Âge
Au Moyen-Âge, avec l’étude des anciens, l’Amphisbène reprend du service et va apparaître dans les bestiaires médiévaux. Ce n’est plus un simple serpent mais une créature ailée avec au moins deux pattes, des oreilles, parfois des cornes. Le venin? C’est pas suffisant! Maintenant on dit qu’il peut tuer par le regard, nager, hypnotiser et posséder des yeux brillants comme des charbons ardents. Il lui arrive d’apparaître dans l’héraldique, symbolisant la victoire du bien sur le mal. Porter un amphisbène autour du cou (et vivant) assure une grossesse sans problème! Sa peau soigne l’arthrite! En manger fait tomber amoureux! Il a tout pour lui cet Amphisbène! J’imagine que le venin et deux têtes c’était pas suffisant pour impressionner au Moyen-Âge...
Les “vrais” Amphisbènes
Mais c’est qu’en plus, les Amphisbènes, ça existe pour de vrai! What a twist! Enfin pour de vrai... En quelque sorte! Tout d’abord, on retrouve un peu de l’Amphisbène dans une chenille d’Amérique centrale, l’Hemeroplanes ornatus. En effet, pour ce défendre, la chenille gonfle son thorax pour avoir lui faire prendre l’apparence d’un serpent, bon d’accord, les deux têtes sont au même endroit mais ça fait deux têtes quand même et puis zut, j’avais envie de parler d’un insecte, voila!
Mais bon, il existe quand même un vrai Amphisbène , et on peut même le trouver en Espagne! Ce sous-ordre de squamates (comprendre les reptiles à écailles) ont des pattes absentes ou réduites mais surtout possède un corps cylindrique, sans séparation marqué entre la tête et le corps. De plus la queue à la même forme que la tête! Vu que certaines espèces amphisbènes vivent en Afrique et au Proche-Orient on peut penser que la bête mythique ne l’est pas autant que ça!
Mais vous vous demandez: Tout ça s’est bien mais pourquoi c’est ça qui vous représente? Ben parce qu’il a deux têtes et qu’on est deux, et on avait pas envie d’être Orthrus.
BRASEY E., La petite encyclopédie du Merveilleux, 2007.
LUCAIN, La Pharsale, Livre IX.
PLINE L’ANCIEN, Histoire Naturelle, Livre VIII.
ROSEN B., La Bible des créatures mythiques, Paris, 2008.
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