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La Mandragore

Ah la fameuse !

En général, quand on nous parle de sorcellerie ou de potions, en plus des yeux de crapauds, on n'oublie jamais la racine de mandragore.

Si elle a l'allure d'une plante plutôt banale avec ses fruits en forme de petites pommes et ses grandes feuilles, ce qui lui a valu une telle fascination est en premier lieu la forme de ses racines, qu'avec un peu d'imagination on arrive à apparenter à un corps humain. On la représente d'ailleurs quasi toujours sous les traits les plus humains possibles.

Cette forme lui serait due à la semence d'Adam placée sous l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et ainsi elle serait directement liée à l'humanité.


"Hortus Sanitatis", Bibliothèque municipale de Bourges, vers 1500

Elle pousse notamment dans le bassin méditerranéen, bien qu'à une époque elle fût appelée "dernier fruit des pendus", car on disait qu'elle poussait à l'ombre des gibets, fécondée par le sperme des exécutés. Son cri, comme vous l'avez tous vu dans Harry Potter, était aussi connu pour tuer celui ou celle qui venait la déranger (#astuce : on utilise un chien pour la déterrer. Bon il faut beaucoup de chiens, parce qu'il meurt sur le coup également. Si non, on peut faire quelques rituels et AU PIRE on devient fou).



Depuis l'Egypte antique, la Mandragore entre dans la composition de filtres maléfiques, mais c'est surtout au Moyen Âge qu'elle prend un gros essor. Dans toute l'Europe, la croyance en la plante bat son plein. En Angleterre, elle prend le nom de "la pomme de Satan" (Satan's Apple), et en Allemagne celui d' "Alruna", qui signifie à la fois Mandragore et Sorcière.

Mais quelles sont en réalité les propriétés de notre Mandragore ? Elle est principalement connue pour ses vertus hypnotiques et hallucinogènes, et consommée par les sorcières afin d'être conduites au sabbat. Utilisée en onguent, elle provoque selon d'anciens témoignages des visions et une sensation d'immatérialité. Un procès de sorcière de 1324 rapporte même que la sorcière en enduisait son balais afin de s'envoler (perso, j'ai pas vu Harry s'astiquer le Nimbus 2000 avec, je dis ça, je dis rien).

Enluminure représentant le vol de deux sorcières sur un balai et un bâton, Martin Le Franc, Le Champion des dames, XVe siècle.

Malgré sa mauvaise réputation, la Mandragore était tout de même utilisée pour ses bienfaits. Elle était en effet connue pour calmer les souffrances : pas étonnant si on sait qu'elle plonge dans des sommeils profonds et donne des visions.

On lui conférait également des pouvoir de fertilité, concentrés dans ses fruits. Ce cher Machiavel nous dit même dans son roman "La Mandragore" (XVIe siècle) : “Sachez donc qu'il n'y a rien de plus propre à rendre une femme grosse que de lui faire prendre de la Mandragore...”

Hippocrate au Ve siècle av. J.-C. disait : “Aux gens tristes, malades et qui veulent s'étrangler, faites prendre le matin en boisson la racine de mandragore à dose moindre qu'il n'en faudrait pour causer le délire”, voilà un bon remède contre la dépression !

Si vous êtes motivés, vous pouvez aussi la garder trois jours dans de la terre rouge dans un vase en cristal, puis la nourrir avec du lait de chatte pendant 40 jours, et elle pourra répondre à toutes vos questions et exaucer vos vœux. Enfin ça c'est si vous continuez de la nourrir de chair et de sang, de préférence d'enfant non baptisé. Ca ferait un super tuto. Dans tous les cas, la plante se vengera si vous ne vous en occupez pas quotidiennement.

Dans la pratique de la magie moderne, selon Scott Cunningham, l'accrocher au dessus du lit protégerait le sommeil, ainsi que la maisonnée si on la conserve à l'intérieur de celle-ci. En revanche, son coût élevé pousse le sorcier "moderne" à trouver des substituts à la plante, comme la racine de bryone, les pommes ou les racines de frêne.


Mandragore, Manuscrit Italien du XVe siècle

Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille la page wikipedia relative à la plante qui est très complète et bien sourcée : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mandragore

Cependant, je vous recommande mes autres sources :

Michelle Bilimoff, Enquête sur les plantes magiques, éditions Ouest-France, 2016

Scott Cunningham, Encyclopédie des plantes magiques, éditions AdA inc, 2009

Olivier de Marliave, Magie et sorcellerie dans les pyrénées, éditions Sud-Ouest, 2006

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