Le 1er décembre sera la journée mondiale de lutte contre le SIDA. Pour cette occasion, je ne vais pas vous parler du monstre qu’est le virus du SIDA mais de la déesse qui est là pour vous rappeler que malheureusement, cette maladie est une douloureuse réalité.
L’Inde, le pays des dieux et des hommes
Le pays natal de cette déesse est bien connu pour la complexité de sa religion et sa grande quantité de dieux et déesses, sans compter tous les aspects de certains d’entre eux. Aussi il n’est pas rare de voir apparaître de nouvelles divinités, sur la base de témoignages étranges sur des miracles, ou simplement quand une place est libre dans ce panthéon quasi-infini. D’un autre coté, ce qu’il ne manque pas en Inde, c’est le SIDA. Un des problèmes majeurs de ce pays est la sensibilisation à cette maladie et la prévention. Aussi, il y a eu des accidents, comme une affaire de sang contaminé, On en est a environ 2 100 000 personnes atteintes du SIDA en Inde en 2016. A la même époque, en France, juste pour vous donner une idée, on en était à environ 150 000. Bien évidement, on est surement pas aussi nombreux qu’en Inde mais ça fait un peu beaucoup (de toute manière c’est toujours trop, qu’importe le chiffre).
Un autre type de prévention, la naissance d’Aidsamma
Tout ce passe dans l’Inde rurale, dans le village de Menasyakethana. Un couple du village voisin succombe au virus du SIDA. Le mari décède en premier et sa femme se voit ostraciser et enfermer jusqu’à sa mort. Le virus ne se cantonne plus vraiment depuis quelques temps aux grandes villes et il se répand inévitablement aux villages. C’est alors qu’intervient H.N. Girish, professeur de science au lycée. Voulant éduquer les gens des alentours, il ne pense pas que la prévention classique soit la bonne solution, alors quoi de mieux que la PEUR DE DIEU??? Aidsamma est née. Avec ses étudiants, monsieur Girish installe la déesse. Aidsamma se voit créer un temple, ou plutôt un autel à son image. Rien de prétentieux au contraire. Une sorte de pierre tombale peinte. La déesse y est représentée en noir. Elle se présente comme une sorte de Janus hermaphrodite, un corps d’homme, un corps de femme, dos à dos. Entre eux d’eux se trouve la représentation du virus. Des inscriptions indiquent que la maladie se transmet par le sexe non protégé mais aussi on lit Attention, au dessus de HIV.
La controverse d’une telle création
Alors créer une divinité n’est pas un problème en Inde. Aidsamma est une Amma (mère), une déesse-mère comme tant d’autre, un aspect comme il en existe tant. Le fait que ce soit une maladie n’est pas non plus un soucis, quantité de déesses-mères sont des déesses de maladie. Par exemple, Shitala Amma est la déesse des maladies de l’Inde du nord. Ce genre de déesse possède le pouvoir sur la maladie qu’elle représente, il est possible pour elles de la donner ou bien la guérir. L’autel dédié à Aidsamma n’est pas placé à un endroit totalement par hasard. En effet il est positionné sur le chemin d’un autre temple, celui de Mariamman. Cette dernière est la déesse de la variole de l’Inde du sud. Quand cette maladie fut éradiquée, elle devint la déesse des maladie. Ainsi, Aidsamma peut apparaître comme étant un des aspect de cette déesse, elle-même associée à Parvati ou à Durga. Du coup, les fidèles se rendant au temple de cette déesse majeure peuvent s’arreter sur le chemin pour faire des prières à Aidsamma. Bon autant dire que tout le monde n’a pas apprécié l’arrivée d’Aidsamma. L’autel a été l’objet de vandalisme par les hommes des villages voisins qui craignaient que cela leur face de la mauvaise pub. Aussi, si les habitants du village protège l’autel et se cotise pour lui dédier un plus grand autel et même un prêtre, d’autres personnes dont Swami Agnivesh, le chef de la reforme hindouiste “Arya Samaj” voient cette déesse comme une menace pour la prévention contre le SIDA. En effet, que ce passerait-il si les gens pensent que la déesse est un moyen de prévention normal? Qu’il suffit de lui faire des offrandes et de la prier convenablement pour éviter d’avoir le virus? Ces dernières années, les habitants du village disent que leurs jeunes sont plus au courant des maladies de ce genre, que certains ont peur de s’engager dans des liaisons et si cela doit ce faire c’est avec beaucoup de prévention! Des personnes atteintes du virus viennent prier la déesse dans l’espoir de guérir. En 2011, le gouvernement a installé un panneau indiquant la direction de la stèle. Cette dernière est posée à présent sur une dalle de ciment bien ancrée dans le sol grâce aux don des villageois. Démarche intéressante? Fiable? Adaptée à son public? Quel est le futur d’Aidsamma? Beaucoup de questions en suspend, toujours est-il que c’est pas tout les jours qu’on peut parler d’un dieu comme quelque chose de nouveau!
- PATRICK J.-B. (dir.), Dieux, déesses, démons, Paris, 2016 - Hinduism's AIDS-amma: Deity vs. Disease https://www.beliefnet.com/faiths/2000/06/hinduisms-aids-amma-deity-vs-disease.aspx - Temple of the Aids Goddess https://openthemagazine.com/others/real-india/temple-of-the-aids-goddess/
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